Les nouvelles infirmières d’Afghanistan: plus qu’un métier

En Afghanistan, suivre une formation aux soins infirmiers est plus qu’un choix de métier. C’est un acte de bravoure, c’est défier les normes culturelles et c’est un service public vital.

« Je suis là pour apprendre un métier et pouvoir servir mon village et mon pays », témoigne Abida Nowroz, étudiante à l’une des six écoles de soins infirmiers créées par le ministère afghan de la Santé publique avec le soutien du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.

Les infirmières sont rares dans le village natal d’Abida, dans la province rurale du Nouristan, dans l’est de l’Afghanistan. Dans les zones isolées comme celle-ci, les établissements de santé sont peu nombreux et les problèmes de sécurité empêchent de nombreux professionnels de santé de travailler dans la région.

De ce fait, l’Afghanistan connaît un des taux de mortalité maternelle et infantile les plus élevés du monde et la charge de morbidité du paludisme y est la quatrième plus élevée de la région. Les établissements de santé, qui manquent de personnel et d’équipements adaptés, ont du mal à assurer une prise en charge adéquate de la tuberculose, qui requiert un traitement de longue durée. D’après l’OMS, 40 pour cent environ des établissements de santé d’Afghanistan n’ont pas de personnel féminin, ce qui représente un problème significatif dans un pays où les normes communautaires impliquent souvent que les femmes ne peuvent être soignées par des hommes que si elles sont accompagnées d’un membre masculin de leur famille.

Mais les femmes comme Abida sont en voie de changer la donne. Abida et 200 de ses camarades de classe récemment diplômées iront travailler dans certains des villages les plus pauvres de leur province natale.

En plus de leurs deux années de formation médicale, les étudiantes de l’école reçoivent un logement, un moyen de transport, trois repas par jour et une indemnité de subsistance symbolique. Le travail est dur, mais Abida et ses camarades de classe savent qu’elles bénéficient d’une occasion unique dans ce pays où la plupart des jeunes femmes n’ont pas le droit de quitter leur famille pour étudier ou vivre ailleurs.

« Mes parents étaient très inquiets à l’idée que je puisse vivre loin d’eux. Mais j’ai lutté pendant des mois et ai fini par convaincre mon père, raconte Abida. Je suis vraiment fière de ce projet. J’essaie d’étudier le plus assidûment possible. »

Reportage original de Kalaluddin Kasaat pour le bureau afghan du PNUD. Photographie : Omer Sadaat / PNUD.

Obstacles aux soins de santé pour les femmes d’Afghanistan

Source d’information de l’illustration:
Increasing Access to Health Care Services in Afghanistan with Gender-sensitive Health Service Delivery (WHO).

Tuberculose en Afghanistan

La tuberculose était l’une des dix premières causes de décès dans le monde en 2015 et avait entraîné plus de décès que le VIH et le paludisme. Quelque soixante pour cent des 10,4 millions de nouveaux cas estimés en 2015 étaient des hommes.

Toutefois, l’Afghanistan ne suit pas la tendance mondiale, c’est l’un des rares pays où on enregistre plus de cas chez les femmes que chez les hommes. L’inégalité de genre et le rejet social augmentent pour les femmes à la fois le risque de contracter la tuberculose et celui de ne pas être diagnostiquées et traitées. Les normes sociales veulent que les femmes passent le plus clair de leur temps au foyer, où la mauvaise ventilation et l’exposition à la fumée du feu de cuisson exacerbent les facteurs comme la malnutrition. Dans certains contextes, les femmes ont peur d’être rejetées par leur famille et leur communauté si elles reçoivent un diagnostic positif pour la tuberculose. Cela peut retarder le dépistage et donc le traitement de la tuberculose, et exposer les femmes au risque de développer des formes plus graves encore de la maladie.

Sources:
Tuberculosis in Women (WHO) and Tuberculosis: Voices of the Unheard (WHO)

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